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Un nouveau traitement pour Parkinson : les bienfaits surprenants de la musique et du rythme.

Dernière mise à jour : 7 juil.


Au cœur des défis posés par la maladie de Parkinson, émerge une lueur d'espoir : la musique. Au-delà de ses mélodies envoûtantes, la musique révèle un pouvoir sur la rééducation de la marche des patients parkinsoniens. De récentes études ont mis en lumière l'impact bénéfique du rythme musical sur les mouvements altérés par la maladie, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives dans la prise en charge de cette pathologie. Dans cet article, nous explorons comment la musique devient une véritable alliée thérapeutique, offrant aux patients une chance de rétablir leur équilibre et de retrouver une qualité de vie optimale.


Pour cela, nous aborderons les questions suivantes :

  • Quels sont les mécanismes de la marche : mouvements, rythme et synchronisation ?

  • Quels sont les effets de la musique chez les personnes ayant Parkinson ?

Parkinson - Les effets bénéfiques de la musique sur la marche

Quels sont les mécanismes de la marche ?


Les mécanismes de la marche, une coordination complexe entre le cerveau et la moëlle épinière.


La marche, un acte quotidien que nous accomplissons avec une aisance apparente, cache en réalité une coordination complexe de mouvements orchestrés par le cerveau et la moelle épinière. Le pas, cette séquence d'actions si familière, se décompose en différentes phases, chacune jouant un rôle essentiel dans notre capacité à nous déplacer de manière fluide. (1)


La marche requiert la coordination simultanée de plusieurs systèmes : les afférences, le système nerveux central et les effecteurs (2).


Les afférences, qui transmettent des informations au sujet sur son environnement et sa position par rapport à celui-ci, jouent un rôle dans la perception et la régulation de l'équilibre. Elles sont composées de trois types de capteurs qui transmettent des informations au système nerveux central :

  • Les capteurs proprioceptifs : situés dans les muscles, les capsules articulaires, la peau et le tronc et fournissent des informations sur la position des différentes parties du corps dans l'espace.

  • Les capteurs vestibulaires : situés dans l'oreille interne et transmettent des informations sur les accélérations linéaires, la verticalité et les accélérations angulaires de la tête et du corps.

  • Les capteurs visuels : situés dans la rétine et fournissent des informations sur la position spatiale du sujet et sur son environnement.


Le système nerveux central est responsable du traitement de ces informations avec la mobilisation du cortex cérébral, de la moelle épinière, du tronc cérébral et du sous-cortex. Le traitement de ces informations sensitives permet :

  • Une coordination visuo-motrice

  • La programmation et organisation de la marche

  • Le contrôle et l’apprentissage de la marche

  • La coordination musculaire

  • La génération automatique de mouvements rythmiques et de la locomotion

  • Les automatismes moteurs

  • L’adaptation posturale

Les effecteurs, représentés par le système musculo-squelettique, exécutent les actions ordonnées par le système nerveux central.


Jusqu’au début du XXème siècle, nous pensions que marcher était une activité consciente et un réflexe directement piloté par le cerveau et les muscles des jambes.


Cependant, les travaux de Thomas Graham Brown, philosophe écossais, ont remis en question cette théorie. Il a démontré que la moelle épinière contient des structures neuronales autonomes qui organisent elles-mêmes la motricité. Cette découverte a ouvert la voie à de nouvelles recherches dans les années 1990, visant à mieux comprendre ce réseau de neurones au sein de la moelle épinière. (1)


Les scientifiques ont ainsi identifié le générateur central du patron moteur (Central Pattern Generator, CPG), localisé dans la moelle épinière, comme le responsable de la production de l'activité locomotrice lors de la marche (1).

Ce réseau, situé dans le bas du dos, est capable de générer l'alternance des mouvements des jambes nécessaires à la marche. Le rôle du cerveau, quant à lui, est primordial dans l'initiation et l'arrêt du mouvement, ainsi que dans la gestion des obstacles et des changements de direction. Une fois que le mouvement est enclenché, ce sont les neurones du générateur central du patron moteur qui prennent le relais, assurant ainsi la coordination rythmique des pas.


En somme, la marche, acte banal en apparence, se révèle être un ballet sophistiqué orchestré par notre cerveau et notre moelle épinière. Comprendre cette coordination complexe ouvre de nouvelles perspectives pour améliorer la qualité de vie des personnes touchées par des problèmes de mobilité.


La musique améliore la marche dans la maladie de Parkinson

La marche, c’est aussi une histoire de rythme...


Comme évoqué, c'est notre cerveau qui permet la planification et l'initiation des mouvements, ainsi que la prise en compte des différentes conditions pour leur exécution.

Par la suite, ce sont les neurones de la moelle épinière qui prennent le relais dans la réalisation des mouvements tout en prenant en tenant en compte les informations sensorielles de notre environnement.


Les neurones de la moelle épinière jouent un rôle crucial dans le couplage perception-action. Ce couplage fait référence à la capacité du système nerveux à intégrer et à coupler les informations sensorielles provenant de notre environnement avec nos comportements moteurs. Il joue un rôle essentiel dans de nombreuses activités, depuis les gestes simples de la vie quotidienne jusqu'aux performances complexes dans des domaines tels que le sport ou la musique (3).


En effet, en commandant nos muscles et en intégrant les informations provenant de nos sens, tels que l'ouïe ou la vision, notre système nerveux est capable de créer une connexion entre notre perception et nos actions, permettant ainsi une coordination fluide et précise de nos actions motrices. En d’autres termes, les mécanismes mobilisés pour la marche et les zones stimulées sont similaires aux mécanismes mobilisés pour notre perception de l’environnement (1).

Notre marche est donc rythmée en fonction de ce que l’on voit, mais également en fonction de ce que l’on entend.


Le couplage perception-action dans la maladie de Parkinson a donc d'une grande importance, car il permet de comprendre comment la musique et d'autres interventions basées sur le rythme peuvent être utilisées pour améliorer la qualité de vie et la fonction motrice des patients, ouvrant ainsi des perspectives pour le développement d’approches thérapeutiques novatrices et ciblées.


Quels sont les effets de la musique sur la maladie de Parkinson ?


Quand le rythme n'y est plus...


La maladie de Parkinson est une pathologie qui entraîne des difficultés majeures dans la production de rythmes, notamment en ce qui concerne les mouvements liés à la marche. Les personnes atteintes de la maladie de Parkinson peuvent présenter des troubles moteurs tels que la bradykinésie (ralentissement des mouvements), la rigidité musculaire et les tremblements, qui affectent leur capacité à percevoir et à exécuter des actions de manière fluide et coordonnée.


Parmi les difficultés rencontrées par les patients atteints de la maladie de Parkinson, on observe une difficulté à initier ou à poursuivre la marche, surtout lorsqu'ils sont confrontés à des obstacles ou à des virages. Ces difficultés sont dues à la diminution progressive du nombre de neurones qui produisent la dopamine, un neurotransmetteur essentiel à la transmission des informations entre les cellules nerveuses.

La perte de neurones à dopamine entrave la mise en place de connexions entre le cortex prémoteur et les noyaux gris centraux, ce qui empêche l'adaptation de la marche aux particularités de l'environnement (initiation à la marche, obstacles, changement de direction, passages étroits…) (1).


Les noyaux gris centraux jouent un rôle crucial dans la gestion des transitions entre les différentes étapes d'un mouvement et cela se traduit par une marche irrégulière, une longueur de pas diminuée et des difficultés à surmonter les obstacles ou à réaliser des changements de direction.


Des moyens pour retrouver le rythme !


Selon de nombreuses études, la musique se révèle être un moyen prometteur pour atténuer les effets néfastes de Parkinson sur la marche. En raison de son pouvoir rythmique et de son impact émotionnel, la musique peut influencer positivement la marche. Elle fournit une stimulation sensorielle et motrice supplémentaire, qui permet de faciliter la synchronisation des mouvements, d’améliorer la fluidité et la régularité des mouvements, et ainsi contrer certains des symptômes moteurs associés à la maladie (1).


Une des raisons de cette efficacité réside dans le caractère rythmique de la musique. Le rythme favorise la synchronisation et coordination des mouvements en stimulant différentes régions du cerveau tout en facilitant la communication entre les régions cérébrales touchées. La neuromusicothérapie permet d'activer simultanément de nombreuses régions différentes du cerveau et favorise la formation de nouvelles connexions dans le cerveau.


Un autre mécanisme important par lequel la musique agit sur le cerveau est son impact sur le système dopaminergique, qui est altéré dans la maladie de Parkinson. Des études ont démontré que l'écoute ou la pratique musicale active peut augmenter la libération de dopamine, un neurotransmetteur essentiel à la régulation du mouvement et de l'humeur (4).


Étant donné que les troubles de la marche observés dans la maladie de Parkinson sont liés à la diminution de la dopamine qui permet la transmission de l'information, l'utilisation de la musique permettrait de réduire les troubles de la marche, de retrouver une marche plus sûre et de marcher vers plus d’autonomie.


En effet, les indiçages auditifs tels que la musique et la Stimulation Rythmique Auditive (SRA) permettrait de compenser les difficultés d’initiation de la marche, d’allonger le pas, d’éviter l’apparition de blocages et donc de diminuer le risque de chute (5).


La Stimulation Rythmique Auditive est une méthode de rééducation neurologique sensori-motrice reconnue et non invasive.


De nouvelles solutions se développent pour réduire les troubles de la marche à domicile. Le WALK DTx est un dispositif médical basé sur la stimulation rythmique auditive et utilise des stimuli sonores à intervalles réguliers qui contribuent à lutter contre les troubles la marche et à améliorer l’autonomie des personnes ayant vivant avec la maladie de Parkinson.


https://www.walkbyresilient.com/

Il convient de souligner que l'utilisation de la musique comme thérapie complémentaire ne remplace pas les traitements médicaux conventionnels, mais elle peut constituer un ajout précieux pour améliorer la qualité de vie des patients. Les résultats prometteurs des études menées jusqu'à présent renforcent l'idée que la musique et la SRA peuvent jouer un rôle significatif dans la réhabilitation et le traitement des troubles neurologiques.



Sources :


(1) CNRS Le journal [Internet]. [cité 28 juin 2023]. La marche, c’est toute une science! Disponible

sur: https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-marche-cest-toute-une-science


(2) Troubles de la marche et de l’équilibre [Internet]. [cité 28 juin 2023]. Disponible sur: https://www.larevuedupraticien.fr/article/troubles-de-la-marche-et-de-lequilibre


(3) Damm L, Varoqui D, De Cock VC, Dalla Bella S, Bardy B. Why do we move to the beat? A multi-scale approach, from physical principles to brain dynamics. Neuroscience & Biobehavioral Reviews. 1 mai 2020;112:553‑84. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0149763419302118?via%3Dihub


(4) Ça m’intéresse [Internet]. 2021 [cité 29 juin 2023]. Comment la musique peut soigner les maladies d’Alzheimer et de Parkinson. Disponible sur: https://www.caminteresse.fr/sante/comment-la-musique-peut-soigner-les-maladies-dalzheimer-et-de-parkinson-176165/


(5)Ferreri L. Musique et plasticité cérébrale. Revue internationale d’éducation de Sèvres. 1 sept 2017;(75):55‑63.


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